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Le chariot magique transforme les soins aux enfants en jeu

Un après-midi au Service pédiatrique de l’hôpital de Delémont

Mägi Galeuchet est à l’origine du chariot magique, ce service qui permet à une infirmière de soigner les enfants qui séjournent à l’hôpital par le jeu. – photo Roger Meier

On entend pleurer. Quelqu’un en a gros sur le cœur. «Quand on est à l’hôpital, ce n’est pas drôle», assure l’infirmière du chariot magique Mägi Galeuchet. Même pour les tout petits présents mercredi dernier au Service pédiatrique de l’Hôpital à Delémont.
On pénètre presque sur la pointe des pieds dans la chambre. La nurse rechangele bébé. Dans son minuscule pyjama rose, Francesca est intriguée. Il y a tout àcoup beaucoup de monde autour de son lit à barreaux.

Le tambourin fait passer le gros chagrin
«Et bien, c’est un gros chagrin, ça», murmure Mägi Galeuchet en se penchant sur le visage de l’enfant. Elle choisit dans son chariot un petit tambourin pour redonner le sourire à cette petite fille de sept mois. «Bravo! Ça fait du bien de taper, tu es une vraie musicienne.»
Toutes les infirmières aiment jouer, raconter des histoires aux plus grands, confient les intéressées. Mais avec le chariot magique, c’est un temps de partage protégé avec l’enfant. «On ne doit pas accueillir une urgence ou répondre à un téléphone pendant le chariot magique. On n’est donc pas coupé dans notre élan», explique celle qui est à l’origine de ce service. Ce dernier existe à Neuchâtel, Chaux-de-Fonds, Porrentruy et Delémont.
«C’est vrai que dans le cadre de notre travail classique, nous n’avons pas forcément le temps. On fait ce qu’on peut», confirme Béatrice Müller, qui a réalisé sa première journée au chariot magique. Ça s’est bien passé. C’est assez spontané. On masse les bébés, on leur chante des chansons, on les calme.»
Pour l’instant les infirmières qui jouent le chariot magique le font bénévolement. La responsable du Service delémontain de pédiatrie Elisabeth Fromaigeat aimerait bien que le canton du Jura accorde un 10% de poste pour cela. Dans la cité horlogère, les infirmières ont été récemment reconnues, et donc rémunérées. Mägi Galeuchet espère vivement que les négociations aboutiront également dans le Jura. L’Association du chariot magique est également à la recherche de fonds afin d’assurer le poste de coordinatrice pour 2003.
Retour à l’hôpital. Une maman sort d’une chambre voisine. Son bambin de trois mois est isolé. Maryline Wälti a fait connaissance avec le charlot magique ce mercredi. «J’ai été surprise, j’ai découvert. Personnellement, j’ai vraiment passé un bon moment. J’ai discuté une demi-heure avec l’infirmière. Ou se sent à l’écoute, rassurée et réconfortée. Je crois qu’il y a maintenant plus d’énergie dans la chambre, plus de force. Si le chariot magique revenait demain, je serais contente…»

«Pourquoi nous?»
Il ne reviendra pas. Comme à Porrentruy, les prestations sont dispensées une fois par semaine. «Chaque hospitalisation est déstabilisante. Les parents aiment raconter leurs émotions, parfois leur colère, rapporte Mägi Galeuchet. Ils se demandent toujours: pourquoi nous ?» La question n’a pas de réponse. Mais le chariot magique amène cette couleur, cette chaleur, ce pétillement durant le séjour hospitalier, même lorsque les situations sont pénibles. «Vous savez, le service de pédiatrie est particulier. Les enfants ne sont pas comme les adultes. On doit donc aussi les traiter autrement», rappelle Elisabeth Fromaigeat.
Chaque infirmière a son astuce, son petit truc pour plonger bébé dans les bras de Morphée ou pour faire «passer» une piqûre par le jeu pour les aînés. C’est une magicienne des soins, en quelque sorte.
■ Marie-Laure Chapatte

Source: Le Quotidien Jurassien

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